Paroles et musique : Jean-Yves Joanny,
sauf "Vingt ans", texte de Jean-Yves Joanny et Hervé Péré
Ça va, ça va
"Ça va ?" "Ça va, et toi, ça va ?"
Ça va, ça va, ça va, ça va, ça va et toi, ça va ?
Et à part ça, ça va ? dit-il, en serrant contre lui son magazine favori
Ça va, ça va, dis donc, ça fait longtemps qu'on n'avait pas parlé autant
Ça fait plaisir de se revoir, les têtes connues se faisaient rares
Bon, ben... allez salut, à un de ces soirs
Et ainsi chaque fois, pourtant je suis toujours content au moment où je t'aperçois
On se regarde, on se sourit, mais on s'est tout dit quand on s'est dit ça va
C'est vraiment bête à en mourir, on pourrait peut-être approfondir
Je t'aime bien, mais c'est si difficile à dire
Dis-moi, qu'est-ce que tu aimes, qui tu aimes, comment tu aimes, dis-le moi
Qu'est-ce que tu aimes, qui tu aimes, comment tu aimes, dis-le moi
Allez parle de toi, de tout, de ce qui te passionne, de ce qui te rend fou
Tu deviens beau quand tu t'animes, ta vérité te rend sublime d'un seul coup
Alors pourquoi se camoufler dans cet anonymat des mots
Ça va, ça va, ça va, ça va, ça va et toi ça va
Tu deviens beau quand tu t'animes, ta vérité te rend sublime d'un seul coup
Alors pourquoi se camoufler dans cet anonymat des mots
Bon ben... allez salut, et à bientôt
Les essuie-glaces
Ils se balancent doucement, dessinant un petit rythme lancinant
Depuis ce matin mes essuie-glaces n'ont une seconde pu tenir en place
Depuis ce matin un orage fait sangloter le paysage
Et dans ma voiture, je ne vois presque pas la route
Que cachent toutes ces vagues que chassent mes essuie-glaces
La pénombre gagne maintenant tout le paysage avoisinant
La nuit va cacher les visages las des arbres qui semblent avoir un peu froid
La radio passe les Rolling Stones, "Street fighting Man" et "Satisfaction"
Et dans ma voiture, je ne vois presque plus la route
A peine un instant, quand passent mes essuie-glaces
Ils se balancent, ils se balancent, ils se balancent, ils se balancent doucement
Ils se balancent doucement, dessinant un petit rythme lancinant
Depuis ce matin mes essuie-glaces n'ont une seconde pu tenir en place
Ils se balancent doucement, dessinant un petit rythme lancinant
Ils se balancent éperdument, comme enivrés de pluie et de vent
La radio se perd sous les cris du moteur, l'aiguille est bloquée sur deux cents à l'heure
Et dans ma voiture, je ne vois plus du tout la route
L'espace et le temps s'effacent avec mes essuie espace
Et le temps s'efface avec mes essuie espace
Et le temps s'efface avec mes essuie-glaces
Le savetier
Horreur, je suis ruiné ! s'exclame le savetier
En découvrant son bas de laine vide... vide
Il téléphone à La Fontaine, qui lui répond t'as de la veine
On t'a volé, on t'a pillé, tu vas enfin ressusciter
Oh, mon Dieu, que ma femme est belle, je l'avais presque oublié
Mon trésor était en elle et c'est elle qui m'a gardé
Oh, ma femme, quelle leçon d'amour, je t'oubliais et tu veillais sur moi
Prête à voler à mon secours, et je t'appelle et tu es là
Oh, ma femme, que tu es belle, tu es encore plus belle que ça
Je t'ai donné quelques rides nouvelles, viens me les montrer tout bas
Oh, mon Dieu, mais qu'est-ce qui m'arrive, je me retrouve tout amoureux
Je vois partout des couleurs vives et tout me semble savoureux
Je redécouvre le silence, l'odeur du pain et du café
L'envie d'apprendre et l'insolence, je redécouvre le temps d'aimer
J'ai même réappris à sourire, au début ça craque un peu
Les lèvres tirent, tirent, tirent et d'un seul coup on est moins vieux
On vit dans un drôle de temps où de plus en plus souvent
On mélange bonheur malheur avec le taux de rendement
Mais qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se pense
Chez ceux qui pensent à notre place ?
Mais qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se pense
Chez ceux qui pensent à notre place ?
Ah chic, je suis ruiné, je ne serai plus financier
J'ai retrouvé mon bas de laine vide... vide
Mon vieux Jean de La Fontaine, tu as bien fait de te moquer de moi
Peut-être que sans ton poème je serais allé me pendre au bois
C'est tout simple le bonheur et tu me l’as bien expliqué
La vraie richesse est dans le cœur, je vais dépenser sans compter
Et ce que j'aime, ce que j'aime, ce que j'aime, ce que j'aime
Ce que j'aime, ce que j'aime ça !
La fleur extraordinaire
Je cherche une fleur extra, extraordinaire
Une fleur avec des fruits de mer, une fleur qui sent bon en hiver, une fleur
Je l'ai rencontrée par hasard, un soir au temps jadis, à Saint Sulpice la Pointe
J'ai déchiffré dans son regard sans fard que le bonheur a peur aux heures de pointe
Quand elle a vu ma mauvaise mine, elle s'est enfuie dans les collines
Je cherche une fleur extra, extraordinaire
Une fleur avec des fruits de mer, une fleur qui sent bon en hiver, une fleur
Les paysans racontent qu'elle est belle et très étrange avec sa frange trop longue
Et quand l'argent nous rend cruels c'est elle qui tue les gens qui ont les dents trop longues
On lui prête tous les faits bizarres qui jalonnent et défient notre histoire
Je cherche une fleur extra, extraordinaire
Une fleur avec des fruits de mer, une fleur qui sent bon en hiver, une fleur
J'avais besoin d'une héroïne divine quand j'ai croisé un soir cette fée trop belle
Existe-t-elle cette sauvageonne sublime ou est-ce une invention de mon esprit rebelle
Je cherche en vain cette enfant terrible dans le maquis des filles libres
Je cherche une fleur extra, extraordinaire
Une fleur avec des fruits de mer, une fleur qui sent bon en hiver, une fleur
Extra, extraordinaire
Paris-Téhéran
Tu pars de Paris
A la Porte d'Orléans, tu prends l'Autoroute du Sud et tu descends
A Mâcon, tu tournes à gauche. Bourg en Bresse, Genève, le Tunnel du Mont-Blanc
Et c'est l'Italie, Aoste, Milan, Vérone, Venise
Et c'est la Yougoslavie et puis c'est la Turquie
Route lointaine, route incertaine, pleine d'embûches, de pannes soudaines
Les hommes qui font les routes d'Orient se sentent bien seul à leur volant
Route d'angoisse, route de poisse, le moindre incident et tu risques ta place
Tu risques ta prime, tu risques ta peau, Paris-Téhéran ce n'est pas du repos
Tente le sort à ce jeu de hasard, à pleine vitesse au milieu du brouillard
Tu mises ta vie pour mieux la gagner, mais tu n'as droit qu'à un seul coup de dé
Gagne, gagne ton salaire de la peur
Roule, roule, roule, roule, taille la route
Il faut que tu arrives coût que coûte
Avant samedi matin huit heures
Route de peur, route vampire, jusqu'à ton retour tu peux craindre le pire
Ici tu es presque en territoire ennemi, faut pas trop dormir ici, même la nuit
L'ennemie, c'est la route, vicieuse et cannibale, un grand chemin d'enfer international
Franchissant les montagnes, les glaces, les congères, ou brûlée de soleil à travers le désert
L'ennemi, c'est l'enfant qui te lance des pierres, ennemi le voleur qui force ta portière
L'ennemi, c'est le flic qui t'emprunte ton fric, racket et corruption, impunité publique
Ennemie la misère que tu vas rencontrer avec ton beau camion plein de riches denrées
Ennemi le vieillard qui traverse la rue devant tes roues sans t'avoir entendu
L'ennemi, pour eux, c'est toi, l'étranger, tu es l'ennemi, tu viens déranger
La foule sera là pour te lapider si un accident venait à arriver
Gagne, gagne ton salaire de la peur
Roule, roule, roule, roule, taille la route
Il faut que tu arrives coût que coûte
Avant samedi matin huit heures
Tu penses à ta femme, tu penses à tes gosses, c'est pour ta maison, c'est pour eux que tu bosses
C'est pour eux que tu passes cette vie décalée, où tu ne les vois que dix fois dans l'année
Tu es toujours absent, toujours éphémère et le petit grandit sans jamais voir son père
Tu n'en reviendras pas lorsque tu le verras, mais tu te demandes s'il te reconnaîtra
Et ta femme, là-bas, même avec ses enfants, elle aussi elle est seule, elle aussi elle attend
Elle attend qu'on la prenne, elle attend qu'on la prie, elle attend que revienne son homme, son mari
Est-ce que ma femme m'aime, est-ce que ma femme ment, est-ce qu'elle se caresse, est-ce qu'elle a un amant
Est-ce que le corps se tait pendant plusieurs semaines, je t'aime, je te hais, c'est toujours le carême
Parfois je voudrais bien m'arrêter pour pleurer, pleurer comme un enfant, pleurer pour oublier
Craque pas, craque pas, ils t'attendent là-bas, si tout marche bien, tu y seras dans un mois
Gagne, gagne ton salaire de la peur
Roule, roule, roule, roule, taille la route
Il faut que tu arrives coût que coûte
Avant samedi matin huit heures
Tu aurais voulu
Tu aurais voulu être heureux, mais tout t'échappe malgré toi
Tu aurais voulu être deux, mais tous s'échappent malgré toi
Dès que tu arrives quelque part, comme par hasard tout le monde part
Et tu restes seul avec toi, que tu ne supportes pas
Tu aurais voulu être heureux, regarde bien autour de toi
Tous ces gens qui sont déjà vieux, ils ont renoncé au combat
Installés au chaud dans leurs regrets, conjuguant leur vie à l'imparfait
Là, au moins, ils ne craignent pas de descendre un peu plus bas
Tu aurais voulu être heureux, cela ne va pas sans problèmes
Mais tu le peux si tu le veux, choisis de faire ce que tu aimes
Il te faudra sûrement du courage, oser choisir ne va pas sans dommages
Mais le jour où tu te battras, au moins tu sauras pourquoi
Elle est d'accord
"Elle est d'accord, elle est d'accord (bis)
- Alors, comme ça, elle est d'accord... ?
- Elle est d'accord
- T'es sûr qu'elle est d'accord ?
- Elle est d'accord
- T'es vraiment sûr ?
- Elle est d'accord
- Oui mais, "d'accord, d'accord"…
- Elle est d'accord
- Vraiment d'accord ? !
- Puisque je te dis qu'elle est d'accord
- Bon, bon, puisque tu le dis...
- Elle est d'accord, elle est d'accord (bis)
- Tu dis qu'elle est...?
- D'accord, d'accord, d'accord ! ! !
- OK, d'accord, elle est d'accord, j'dis plus rien.
- Elle est d'accord, elle est d'accord, elle est d'accord,... Hé, dis, tu boudes ?
- Elle est d'accord !
- Allez, t'énerve pas...
- Je ne m'énerve pas ! !
- Oh, je vois bien que t'es fâché...
- Je ne suis pas fâché, mais chaque fois que je te pose une question, tu fais exprès de ne pas y répondre, et en plus, tel que je te connais, je suis certain que tu ne lui as même pas demandé si elle était d'accord ! ! !
- Si.
- Quoi, si ?
- Elle est d'accord
- Tu veux dire que tu lui as demandé ?
- Oui.
- Et elle a répondu ?...
(Chorus de sax)
Bon, admettons.
- Elle est d'accord
- Mais au fait...
- Elle est d'accord
- C'est pour quoi qu'elle est d'accord ?
- Elle est d'accord... Oh, et puis n'insiste pas, hein, elle est d'accord, ça te suffit pas ?
- Si, si
- Elle est d'accord
- Pourtant, encore hier...
- Elle est d'accord
- Comment ça se fait qu'elle soit d'accord ?
- Comment, comment, comment… ? ! ! ! Elle est d'accord, elle est d'accord ! D'accord ? !
- Mmh, mmh... Elle est d'accord ! Elle est d'accord ! ! Elle est d'accord ! ! ! Elle est d'accord ! !?? !... Eh, mais alors, si elle est d'accord, elle est d'accord pour tout ?
Cours d'histoire
Qui a planté sa hache dans la tête d'un gaulois
Le professeur se fâche, dors, dors, le monde est à toi
Tu te moques de l'Histoire, de ce héros qui n'est qu'un assassin
Tu as perdu la mémoire, toi, ton camp, c'est le camp des indiens
Entends les hirondelles qui se volent après en poussant de petits cris
On dirait qu'elles t'appellent, oh oh, tu es notre ami
Elles planent, piquent et se redressent, tu leur envoies des signes d'amitié
Elles filent et te caressent du bout de l'aile, comme pour t'inviter
Tiens-toi bien à l'hirondelle, tu voyages dans l'éternité
Tu regagnes à tire d'aile le pays que tu as inventé
Tout en haut de la terre, le vent fait craquer les moulins
Respire la lumière, loin, loin, aux creux de ta main
Lignes d'ombre, tâches d'encre se mélangent en d'étranges combats
Le géant a levé l'ancre, le porte-plume a glissé de tes doigts
Dors
Vingt ans
Vingt ans, juste le temps de jeter quelques ponts entre la vie et nous
Vingt ans, on était prêt pour se faire les dents à se moquer de tout
Tout connaître et tout goûter, c'était bien le moins
Les peut-être, les à peu près ne nous valaient rien
Mais qu'elle était noire cette ville, à plus oser sortir dedans
Et dans les bars, du fond de notre exil, pour ébrécher un peu le temps
On riait, on discutait des nuits durant
On s'engueulait pour bien se prouver qu'on était vivant
Aux heures buissonnières, lorsque nos envies nous jetaient dehors
Nous, on se sentait fier de tout ce qu'on nous reprochait si fort
Notre insouciance, nos frimes, nos dragues, nos tapages
Et cette valise d'impatience, de ruses, de rêves et de rage
Tous ces excès, aiguisés comme des lames
Dans le maquis des cités, on s'en était fait des armes
Pour faire la guerre
A cette vie qu'on refusait
Et quelle guerre
Te souviens-tu de ces nuits passées à chanter
Quand on chantait les rendez-vous toujours ratés du Soleil et de la Lune
Qui ne s'attendaient jamais malgré leur désir de se rencontrer
Mais c'était l'occasion d'une trêve
Et dans les bars, devant nos verres
On mettait des parenthèses à la guerre pour quelques instants
D'autant que l'important, c'était de balbutier le maximum de jazz
En faisant des ba ba li dou dou dou di da
Ça faisait des étincelles, dis
Tu te rappelles, oui
La ville tousse un peu plus fort, elle a encore engraissé
Ta maison t'a capturé, récuré, moquetté
Mais l'enfant que tu portes dans tes bras
Ressemble étrangement à celui qui dort en toi
Qui dort depuis le jour où tu as refermé ta valise
Echangeant tes défis contre une vie sans surprise
Réveille-le, écoute-le, je le vois qui bouge au fond de tes yeux
Il te dit de te battre, de ne pas vieillir pour rien
De faire sauter les verrous aux portes de ton quotidien
Il dit qu'il est encore temps