Ecouter, chercher, apprendre, redonner... voilà le moteur de Jean-Yves Joanny, qui se définit comme "un raconteur d'histoires avant tout". Ses chansons puisent sans cesse dans cet aller et retour avec l'autre, un peu comme ces griots africains qui naviguent dans l'imaginaire collectif, moitié réceptacles, moitié messagers.
Captivé par le mouvement, les mélanges instables qui nous composent et nous révèlent par instants – inné et acquis, influences et désaccords, attirance et rejet, quotidien et sacré – Jean-Yves Joanny se plaît à mélanger les registres, comme dans la vie elle-même. Ses chansons provoquent l'imagination, lancent des interrogations, décapent la rouille qui encombre le cœur. Avec ses arrêts sur image pour savourer l'instant, ses tranches de vie accélérées qui grossissent volontairement le trait et ses fabulettes qui nous renvoient à nous-mêmes, ses concerts sont une "conversation" avec le spectateur, qui en ressort ragaillardi et heureux.
Passionné de musique, des Beatles à Fauré, en passant par le blues, le rock ou les musiques du monde – avec une prédilection pour la voix humaine et les harmonies vocales – Jean-Yves Joanny réconcilie la chanson poétique française avec une musicalité typiquement blues. Gourmand des mots, il apporte un soin tout particulier à leur couleur et à leur phrasé, dans l'esprit des musiciens anglo-saxons. Dans son approche, la musique est à la fois le cadre de son mini théâtre, entrainant et joyeux, et un élément narratif de l'histoire, faisant de chaque chanson une création à part entière.
Jean-Yves Joanny n'a jamais voulu trancher entre ses trois passions, cinématographique, musicale et poétique. Il les a embrassées ensemble et à tour de rôle, tentant de mêler intimement mots, images et sons, qu'il travaille sur un film, un scénario ou une partition. Dans ses textes, il cherche l'image qui frappe, qui émeut ou fait rire. Les couplets sont découpés comme des séquences, avec des gros plans et des ellipses, des zooms et des travellings, des personnages principaux et des rôles secondaires. Ça va vite, l'esprit galope.
Il est plein d'autres passions, Jean-Yves, ou de centres d'intérêt qui émergent aussi dans ses chansons. Le goût des voyages, des rencontres, de l'amitié ; la mémoire collective et aussi la mémoire tout court, pour ne pas confondre modernité et amnésie ; l'histoire de l'humanité et l'avenir du monde...
De l'émotion, du rire et des larmes, de la musique et du rythme, une pointe de surréalisme, du recul et beaucoup d'amour, il y a dans les chansons de Jean-Yves Joanny des ingrédients éternels qui font que l'on se comprend mieux. Avec aussi la poésie et la tendresse comme lignes de force.
Et puis, par dessus tout, le bonheur infini de chanter, d'être soi-même instrument de musique, où le corps, libre, se met juste à respirer, vibrer, sonner.